L’enfant sauvage fait son Cabaret
- Jefferson N'Ganga
- 19 sept. 2022
- 3 min de lecture
JPEGMAFIA 13.09.2022

Pour la dernière date de l’Européan Tour : Tour Virus, l’enfant sauvage JPEGMAFIA se laisse enfermer dans l’antre du Cabaret. Un nouvel EP, OFF LINE paru en 2022, rejoindra les incontournables albums qui ont fait sa renommée : black ben carson, Veteran et All My Heroes Are Cornballs. Sept années déjà parcourent cette discographie étrange, jonchée d’une multitude de singles marquants, d’inédit, de remix. Comme l’époustouflant Thug Tears sortie d’un de ces albums en 2018 et brillant une année plus tard lors de son interprétation au A Colors Show. Alors ce soir l’attente est grande.
Pour la première partie Monseigneur Denzel Himself, pur produit d’outre-manche. La voix, le ton, l’accent, l’énergie, le style (?). Sujet à débattre, se présentant lui-même comme le leader of The World Goth League. Le Goth Cowboy, annonce le début des festivités. Une subtile dérision traînant sur le bout des lèvres (ou pas) : « Vous allez entendre du rap dur » (en VO bien sûr). Tresses plaquées débordant d’un chapeau de cowboy vissé sur la tête, haut moulant en fibre thermolactyl, pantalon de cuir, Santiags... On y est. Le chapiteau se soulève dès les premières mesures de ses prods auto-réalisées qu’il lance depuis son ordi by Himself. Denzel déroule un rap punk àla structure électronique menant la convergence des cultures. Les bières volent à chaque couplets, aspergent les refrains. A la demande générale, il rejoindra la fosse, y descendra, remontera, puis y redescendra. Donnant ainsi toutes les lettres de noblesse à la musique qu’il incarne. Celle qui vit non plus sur scène mais qui habite le public. La masse seulement comme générateur de valeur. Que peut-on espérer de plus terrible après cette première partie ?
Bientôt, JPEGMAFIA nous hurlera sa réponse. Avant même sa venue, le public en esquisse les premiers mots « D-Damn Peggy, D-Damn Peggy !!!! ». Survolant l’assemblée, touchant à peine le sol dans un pull angora distendu, il bondit d’un coté à l’autre de la scène. Révélant par sa seule présence la riche complexité d’un monde trop souvent ignoré. Ce n’est pas une histoire d’étiquette, de Queer, de Gay ou de ce qui vous plaît… Non ! JPEGMAFIA incarne la libération de soi. Sa réalisation dans le monde réel. Ce que l’on est, ce que l’on s’imagine être ou ce que l’on a toujours voulu devenir, vient soudain frapper de plein fouet l’existence. Donnant à l’invisible la surbrillance nécessaire pour s’imposer au réel. JPEG accompagne cette voix, celle qui dans votre for intérieur crie, prie, pleure, rit, hurle et trop souvent meurt.
D’un sample, d’une variation à l’autre, de vitesse, de rythme, tout se percute. Toujours en rupture, toujours de façon plus abrupte. Les standards malmenés deviennent sien. D’influences diverses, sans limites, Pop, Pop-Rock, Soul… elles se noient dans cet imbroglio pour devenir ce qu’elles auraient toujours due être : de simples instruments. Les influences ne sont que l’instrument de notre propre expression. A l’exemple de Ain’t no need worry, dans, la version orignal de The Winans, devenant l’étrange et criant Hazar duty pay ! Quel rapport avec l’original ? Une même langue pour une existence modifiée.
Les refrains scandés par la foule recouvrent l’auto-tune dans lequel la voix de JPEGMAFIA se noie. Satisfait de ne plus s’entendre, il redouble d’effort. Continuant, sans en faire un but, à se heurter de tout son corps aux harmonies conventionnelles. Créer cette cacophonie volontaire, donner voix à cette musique intérieure qui est sienne.
Lui aussi descendra, lui aussi remontera de la fosse. Infatigable et inaltérable. Le temps d’un mot seulement avant que lui aussi, ne s’efface :
Merci
Jay_f
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