Voyage à guichet fermé. La péniche du Petit Bain s’apprête à mettre les voiles. Au commande ce soir : Mdou Moktar. Basé à Agadez au Niger, voila des années qu’il sillonne le monde. Son histoire n’est pas banale... ou plutôt si, elle l’était encore dans les années 2000, lorsque le MP3 était l’équivalent d’une monnaie d’échange. Sa carrière débute comme ça, dans les fêtes de famille et les mariages qu’il anime. Mais ça c’est avant Anar. Son premier album, passant d’un téléphone à l’autre, lui permettra de faire le tour du Sahel avant de tomber en 2008 entre les mains de Christopher Kirkley son producteur. S’ensuit huit autres albums et ce voyage à bord de la péniche du Petit Bain, que nous sommes ravis de vous partager.
Bienvenue à bord
Sur les berges, le calme règne. Les dernières jolies journées d’été n’ont pas démotivé le public qui s’étire en file indienne sur les bords de seine. Dès les premières mesures de Funéral for Justice, titre phare de l’album éponyme paru en mai 2024, la péniche se met à tanguer. Le ton est donné, et le résultat va bien au-delà de ce que nous aurions pu espérer. Sous nos yeux ébahis, on assiste au véritable mélange des genres.
L’inclassable musique de Mdou Moktar
Inclassable. Terme, trop régulièrement utilisé pour décrire ce fourre tout mal nommé de Musique du Monde. A ce mot, je préfère la nuance, comme son public de toute évidence, qui en est l’éclectique représentation.
Qu’on s’y attarde, par sa forme on s’approche d’une musique traditionnelle. Ses répétitions, cette façon lancinante d’étirer les mêmes accords lui conférent quelque chose de religieux. Sa langue le réduit au chant Berbère, sa plainte lascive à l’age d’or du Raï. Mais ces codes sont encore bousculés par l’influence des pays du sud Niger.
Résonne dans la guitare de Mdou Moktar quelque chose de joyeux, de profondément heureux. Elle dicte le temps et suffit à elle seule à marquer la rythmique. Doublée, triplée, sans cesse dépassée par l’accélération des percussions, on glisse encore. Amoureux du Noise, soyez les bienvenus. La voix cassée de Mdou Moktar se perd dans les reverbs de sa guitare. Les paroles disparaissent, devenant presque secondaire tant les morceaux s’emballent sur un tempo délirant.
Alors qu’on se le dise, ce n’est pas un simple concert, Mdou Moktar sur scène, est la célébration de toutes ces musiques.
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