Une sensibilité Boogaertsienne

Mathieu Boogaerts / L'Archipel / 10.05.2023

Oui ! Après l’expérience de ce jeudi au théâtre de l’Archipel, la réponse est sans équivoque. L’auteur d’« Avant que je m’ennuie » , nous livre une prestation toute particulière, intime, sans auto satisfaction, sensible, sans ne jamais verser dans la sensiblerie.

Depuis son premier album, Super sorti en 1996, voila vingt-sept ans que Mathieu Boogaerts occupe le devant de la scène. L’adolescent originaire de Nogent-sur-Marne a depuis grandi, vieilli aussi sans jamais cesser de développer un univers singulier et profondément attachant. Installé un jeudi par mois, depuis le 15 septembre dernier, au théâtre de L’Archipel, un public d’irréductibles passionnés l’y retrouve. Après une première prolongation en janvier pour trois concerts bonus, quatre nouvelles dates extra bonus ont depuis été ajoutées. Si Mathieu Boogaerts ne remplit pas les stades, il doit tout de même contenter un réseau qui n’a fait que grossir d’année en année.

Guitare, voix

Seul sur scène, il nous invite à traverser ses albums, découvrir ses dernières compositions. Produisant un show plein, ténu, enjoué qui s’étire sans difficulté une bonne heure et demi, voire deux. Mathieu Boogaerts joue avec l’auditoire entre les morceaux, en expliquant la genèse et proposant des variantes au gré de l’ambiance. Il s’éloigne de la version studio toujours rassurante, en tirant sur la corde basse de sa guitare. Qu’il donne une impulsion légère ou plus affirmée, cela suffit à casser la rythmique des standards que l’on connaissait jusque-là. Plongeant ces morceaux dans l’univers inattendu du reggae ou du disco…Il dévoile ainsi une pratique sérieuse de l’instrument, une technique irréprochable, et un amour profond pour la musique au sens plus large.

Il rit de lui

Il rit de connivence avec son public, de contentement aussi. Il en est reconnaissant, c’est du moins ce que semble traduire son badinage, sa bonne humeur. Mathieu Boogaerts à la performance subtile, sans artifice. Il ne singe rien, ni lui, ni l’artiste ou l’image que l’on se fait du chanteur dit « à texte ». Ce qu’il propose n’est qu’une constante, ce qu’il a toujours été, ou plutôt ce que des années de passion, de travail, de persévérance, lui ont permis de devenir. C’est dans la lumière tombante que naît cette certitude, Mathieu Boogaerts nous offre l’opportunité d’admirer ce qui de plus précieux compose sa vie. Un condensé, un aperçu de ces nuits interminables en studio, de ces jours de musique, seul ou entouré d’amis, de famille, de public, de rire, de réussite mais aussi d’échec.

Jay-f****