Nous l’avions manqué l’automne dernier lors de son passage à Paris. En apprenant son retour bien loin des quartiers et des salles plus modestes que nous affectionnons habituellement, nous ne pouvions réitérer cette erreur. Ce soir, c’est au premier balcon de la salle Pleyel que nous posons notre cahier noir. Griffonnant rapidement cette question : Que donne vraiment Curtis Harding sur scène ?
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Curtis Harding est auteur, compositeur, interprète et multi-instrumentiste d’un genre musical qu’il définit lui-même comme étant du « Slop and Soul ». En quelques mots, un mélange funky de Gospel, de Blues, de R&B Psychédélique et de Rock. Le Gospel disions-nous, une base qui lui vient pour l’essentiel de sa mère. Chanteuse, croyante, il l’accompagnera dès l’adolescence comme choriste au gré de ses déplacements. Se baladant ainsi auprès des nécessiteux de paroisse en paroisse, la famille finira par s’établir à Atlanta au début des années 2000. D’où le jeune homme originaire de Sagiwan dans le Michigan débutera sa carrière professionnelle. Pendant de longues années, il multipliera les collaborations avec des artistes locaux et d’autres aux noms plus célèbres. C’est à 35 ans seulement que son premier album Soul Power verra le jour. L’intérêt suscité par cette première production lui permettra de donner naissance trois ans plus tard à Face you fear en 2017, puis If words were flowers en 2021. À l’égal de ses collaborations, les sorties de Curtis Harding semblent faire un grand écart. Toujours à la poursuite d’une même ligne directrice, trouver de l’équilibre parfait, celui qui relirait un Hit, dit avec comme toujours avec une pointe de condescendance, grand public et l’expression plus intime de soi.
C’est à dessein que nous délaisserons dans un premier temps, les titres comme Heaven’s On the other side ou Need your Love. Ces grosses turbines, ces aimants à succès dont nul artiste ne peut négliger la nécessité, mais qui après réflexion semblent nous cacher l’essentiel. Ce que nous sommes venus observer ce soir c’est la face cachée, le revers de la pièce.
La Face B
Ceci étant dit, si nous la reformulions notre question du départ, c’est plutôt en ces termes que nous nous la poserions : La scène nous révélera-t-elle la face B de Curtis Harding ? Les premières mesures de On and On jouées en boucle par le groupe pour préparer son entrée, suffisent. La réponse est sans équivoque.
Sa présence magnétique plantera rapidement le décor, brossant un tableau au rétro largement assumé. La gestuelle est atypique, le pas de danse particulier, marquant exagérément les temps et plus encore les contretemps. Il passe du tambourin à la guitare, un vieux modèle style Nashville sans jamais quitter son micro. Et c’est encore mieux que tout ce que l’on avait espéré. Les arrangements du live donnent un nouvel élan à ces « titres sous-cotés ». Sortis de la version studio plus policée, ils prennent du corps. Boostés par la sur présence de la basse et des percussions on jurerait ne les avoirs jamais écoutés. Et quelle surprise lorsque les premières notes des morceaux plus connus résonnent : leurs mélodies, leurs rythmiques pourtant plus simples gagnent en profondeur. Cet entrain qui les accompagnent, que l’on jugeait peut être un peu racoleur, parfois exagéré, explose subitement sur scène. Non, il n’y a rien de feint.
L’âme en musique de Curtis Harding est bel et bien une fête.
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